Friday, May 22, 2009

La vie continue

Nos chemins se sont séparés avec Chim peu apres la jonction entre la route qui mene a camii et celle au Karagöl lake. Je décidais de redescendre a pied jusqu'a Borçka pour profiter des paysages entrevus la veille depuis le mini bus, tandis qu'il préférait faire la route le plus rapidement possible jusqu'a Artvin. Cette partie du Nord est de l'anatolie qui s'étend du bord de la mer noire jusqu'a Borçka est tres montagneuse et vallonée mais comme recouverte d'un épais tapis de végétation dense, verte et luxuriante et ce de maniere ininterrompue. Les torrents sont nombreux et gorgés d'eau et plus particulierement en cette période de fonte des neiges. La région est tres humide et de fait on y cultive le thé dans des pentes incroyables. Pour avoir vu des plantations de Thé au Kerala dans le sud de l'İnde ou les cultures sont tres étendues sur des vallons doux, ici ce sont de petites plantations qu'on devine familiales, insérées dans la forêt dense environnante. On ressent bien quel travail et quelle lutte permanente ce doit être que de maintenir ces petits bouts de champs face a cette végétation envahissante.

Alors que je gambadais tel un poney sauvage dans ce décor de reve, mon chemin descendant croisa celui d'un petit vieux montant. Voila qu'il me sert la paluche chaleureusement et sans me la lacher dans les 3 minutes suivantes, me déblatere je ne sais quoi dans sa langue natale d'anatolie. Mes reflexes de vieux baroudeur qui en a vu d'autres reprirent aussitot le dessus, le temps de dire tchai. Tchai? Le brave homme m'invite a prendre un tchai chez lui! Je jette un coup d'oeil a ma montre et en proffite malicieusement pour dégager ma main toujours bloquée dans la sienne. Mais que suis-je bete je suis en voyage donc tout mon temps et surtout je n'ai jamais de montre a mon poignet. İl habitait 50 metres plus haut dans une petite maison en contrebas de la route. Je posai mon sac et mes chaussures dehors, a l'entrée, et suivi le vieux (j'ai oublié son prénom). Dans le salon 4 femmes voilées d'un certain âge ne semblaient pas particulierement heureuses de voir un touriste débarquer, mais mon petit vieux était tellement excité, enthousiaste et fier de me montrer sa maison, je réussi a comprendre que c'est lui qui l'avait bâtie, qu'il ne fit aucun cas des remontrances et d'un haussement d'épaules ordonna du Tchai. Et oui dans ces contrées merveilleuses c'est encore l'homme qui commande. Les gars ou on n'est pas allé au bout de la révolution sexuelle ou on n'aurai jamais du l'entamer, mais une chose de sûre, on a merdé quelque part... c'est bon on se détend, je plaisante. On passa ensuite sur un petit balcon qui donnait face a la montagne avec le torrent en contrebas qui continuait de déverser ses eaux de neige fondue dans une musique des plus agréable. Celle qui devait être sa femme apporta le Tchai accompagné de noisettes et de noix. Je fus tout content de lui montrer que je savais casser les noix a la main et je réussi a lui faire comprendre que d'ou je venais il y a des champs de noyers. On resta ainsi tous les deux, entre homme, les femmes au salon, a converser tant bien que mal, pendant environ 1 heure, puis je repris ma route jusqu'a Borçka et fis les derniers 6 km en stop.


Autant la végétation de Hopa a Borşka est verte et fournie autant celle qui va de Borçka a Artvin et meme en poussant vers l'est jusqu'a Savsat est quasi inexistante et rabougrie. On passe, dans la même vallée, de la forêt dense a des montagnes arides au relief torturé et déchiqueté. La route se tortille dans des vallées incroyablement encaissées. Sur les pentes peu ou pas de végétation excepté quelques touffes d'herbes. Les torrents sont boueux et tumultueux, brassant des metres et des metres cubes d'eau dans un débit impressionnant. Puis, a mesure qu'on s'approche de Savsat, le relief tout d'abord devient plus doux, les silhouettes des cretes dechiquettées aux arrêtes vives laissent place peu a peu a des courbes. Puis la végétation revient doucement. On commence a apercevoir de l'herbe, des sapins et les vallées s'élargir. Puis arrivé a Savsat on est en pleine Suisse. Je ne connais pas bien la suisse mais c'est comme ça que je me l'imagine. De grand pâturages, un relief doux sur un semblant de plateau qui permet de voir relativement loin, des bouts de forêts de conniferes et au loin des sommets enneigés. İl y a même des chalets en boix et de vaches et des troupeaux de moutons. La Suisse je vous dit! Et mieux même. La Suisse d'il y a 50 ans. Avec des petits vieux avec des berets, courbés sur leur bâtons et des petites vieilles en noir avec des châles blanc sur la têtes et leur canes qu'elles ont du tailler elles memes. Alors la route continue de tortiller dans ce décord de carte postale, et aussi loin que la vue porte, toujours ces paturages. On monte ainsi jusqu'a 2800m pour basculer de l'autre coté du col de çam. La végétation recommence a se raréfier cette fois-ci a cause de l'altitude. Peu avant d'arriver au col elle a disparue, des congeres qui fondent comme neige au soleil (ça se tient) et un amas de maison minables en bois dans la boue de neige fondue. Elles semblent a l'abandon mais qui a bien pu batir ces maisons et pourquoi ici? On continue, on passe le col et la, au lieu de redescendre doucement dans une autre valée de paturages par une route tortueuse comme en Suisse, la non. La route est droite et descend vite sur un immense plateau 600 metres en contrebas. On est dans la steppe. Ces taches sombres que je prenais au départ pour des arbres s'averent etre juste l'ombre des nuages. Et les premiers chevaux apparaissent et voila Ardahan, petite bourgade sur un coin de la steppe.

Clément


















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