Aux sombres heros de l`amer

Dans les années 50 Moynaq était une ville prospère d'environ 40 000 habitants. Le revenu principal de la région était la pêche provenant de la mer d'Aral. Une conserverie, employant a l'époque près de 3000 personnes, fabriquait les boites de conserve avec des feuilles d'aluminium provenant de l'Azerbaïdjan, puis mettait en boite le résultat de la pêche.
Vers les années 60, l'URRS décida d'intensifier la production de coton d'Ouzbékistan, du Turkménistan et du Kazakhstan afin de relancer le textile en Russie. Ces champs de coton étant situés dans des régions semi-désertiques, une irrigation importante était nécessaire. Les ingénieurs Russes décidèrent alors de vider consciemment la mer d'Aral en irriguant les champs par le Syr-Daria et l'Amur-Daria, deux fleuves qui alimentent la mer d'Aral. Entre les années 60 et 80 la zone irriguée augmenta de 20% mais le volume d'eau nécessaire doubla.
Entre 1966 et 1993 le niveau chuta de plus de 16m et la cote recula par endroit de plus de 80km. En 1987 s'opéra une séparation entre une petite mer au nord et une plus large au sud. Les deux ports principaux qui était Aralsk au Kazakhstan et Moynaq en Ouzbékistan maintenèrent leur activité de pêche grâce a des canaux navigables jusqu'au début des années 80. Le niveau de la mer continuant de baisser , l'URSS continuant son expansion de la culture de coton, ces canaux furent abondonnes avec l'activité de la pêche.
Aujourd'hui la mer a perdue 80% de sa surface d'origine et le bord de la mer est a plus de 150 km de Moynaq.
Pour parler plus de Moynaq puisque c'est ici que nous avons passé quelques jours, c'est désormais une ville de 8000 habitants d'une désolation écoeurante quand on pense que c'était la capitale de la région la plus prospère de l'Ouzbékistan jusque dans les années 60. Apres l'arrêt de la pêche la conserverie a continué de fonctionner sous l'URSS. Le poisson provenait de la mer Caspienne et était encore mis en boite a Moynaq. Puis après l'éclatement du bloc soviétique elle ferma, ajoutant près de 3000 personnes sans travail, aux plusieurs milliers de pêcheurs sans mer.
Mais il n'y a pas seulement l'arrêt de la moindre activité économique qui frappa Moynaq et sa région, car l'assèchement de la mer d'Aral modifia complètement le climat, ainsi que l'équilibre écologique. L'air est plus sec, les hivers sont plus longs et plus froids et les étés beaucoup plus chauds. Les nappes phréatiques se sont remplies de sel rendant l'eau du robinet imbuvable. Le bilan au niveau de la santé des habitants de la mer d'Aral est catastrophique.
Beaucoup de spécialistes se sont penches sur la réhabilitation de la mer d'Aral. Selon leur prédictions, il faudrait cesser l'irrigation des champs de coton pendant près de 3 ans ou amputer la zone d'irrigation de 70 000 kilomètres carrés. Autrement dit des solutions complètement inenvisagées étant donne l'importance de la culture de coton dans l'économie de l'Ouzbékistan et du Turkménistan. J'en profite pour parler rapidement de la récolte du coton en Ouzbékistan. Pendant les mois de septembre, Octobre et novembre tous les étudiants des universités, lycées et collèges, ainsi que les professeurs sont obliges de partir récolter le coton pour l'État. Seul les universités et écoles de Taschkent sont dispensées. Il faut croire que la culture du coton nécessite systématiquement l'aide de l'esclavage...

Clement


Le cimetiere de bateaux

No visa

Apres Dysneyland sans Mickey qu`est la ville d`Ashgabat nous voila en Ouzbekistan avec Coen (j`avais ecris son prenom Qun la derniere fois et c`etait une erreure. D`ailleur j`ai mis leur blog en lien) et Maike. Comme ils sont plus prevoyant que nous ils avaient deja contacte des couchsurfeurs a Boukhara qui ont acceptes de nous acceuillir. Et nous voila debarque dans une grosse ferme d`un petit village situe a une bonne dizaines de kilometres du centre de Bukhara. Ce sont les deux fils de la famille (19 et 24 ans) qui parlent anglais et s`etaient inscrits sur couchsurfing pour acceuillir des etrangers. Nous etions leurs premiers invites. Je m`etais dis que`une fois rentre en France, j`acceuillerai mes hotes comme j`ai ete acceuilli dans mon voyage. Ici j`ai du revoir mes intentions a la baisse. Nous avons ete acceuilli comme des rois. La famille produit ses propres fruits, son lait et fait son propre pain dans un Tandor, four qu`on retrouve egalement en Inde. On a bu des jus de cerises, d`abricots et de raisins maisons, goute au lait et pain frais du matin et au gateaux fait pour uniquement a notre intention. Bref acceuil incroyable et tres instructif sur les coutumes Ouzbeques grace a notre traducteur Mirzo.
Cela fait un petit moment, depuis l`Iran en fait, qu`on nous a pose plusieurs la fois la question suivante: comment faire pour venir travailler en Europe?
C`etait le cas de Mirzo et de son frere qui ont ce reve de venir travailler dans notre bonne vieille Europe. Cette question est vraiment derangeante parceque d`une part on ne sait pas vraiment les formalites administratives et les requis necessaires, mais surtout parcequ`on sait que c`est quasiment impossible pour eux. N`est-ce pas injuste de visiter leur pays librement, avec notre monnaie qui nous donne un pouvoir d`achat immense alors que pour eux l`inverse leur est interdit? Ce qui me fait vraiment penser que notre monde ne tourne pas rond et que le systeme economique mondial est vraiment inegalitaire et injuste. Il ne devrait pas y avoir de differences aussi grande entre ces monaies, d`autant que ce systeme monaitaire est completement artificiel et ne vise qu`a creer un desequilbre immoral. Officielement le colonialisme n`existe plus mais quand on dit parfois que les nouvelles guerres sont economiques je pense que c`est totalement vrai. Tous le monde devrait avoir le droit d`aller n`importe ou sur Terre. Dans l`Etat actuel des choses je suis d`accord que c`est impossible, mais ca l`est uniquement parce qu`on maintient economiquement le reste du monde dans une pauvrete qui ne leur laisse pas d`autre reve que venir chez nous. Le jour ou tout le monde aura le meme niveau de vie (et ca ne devrait etre quelque chose de normal et pas seulement utopique), alors oui on pourra ouvrir les frontieres, qui sont de meme completement absurdes quand on reflechi a l`Humanite dans sa globalite. Mais pour ca il n`y a qu`une seule solution. Ecologiquement il semble impossible que tout le monde est la meme qualite de vie que les occidentaux. Alors qui est responsable? Tant qu`en Europe on ne voudra pas voir que notre niveau de vie n`est possible qu`en maintenant le reste du monde dans un etat de pauvrete et tant qu`on ne sera pas prets a envisager la decroissance, alors il est inutile, ridicule et hypocrite de souhaiter la moindre amelioration en dehors de nos frontieres. Le premier pas doit toujours venir de ceux qui en ont les moyens et nous sommes les seuls a en avoir.

Clement

Watermelon man

Quand on voyage sac au dos et par soit-meme, les emmerdes font parti du quotidien. Il arrive meme parfois de les souhaiter a demi-pensees. Ca confirme le fait qu`on voyage un peu a l`arrache, qu`on est pas en voyage organise et surtout ca fait des choses a raconter. Pour un peu on se prendrait pour des aventuriers. Alors quand on attend des emmerdes et qu`elles n`arrivent finalement pas on est forcemment decus.
Mais d`abord plantons le decor de cette non-aventure. Apres 2 mois en Iran on quittait a regret, mais aussi avec impatience, le pays de Hafez et Ferdosi pour poser le pied au Turkmenistan pour un transit de 5 jours. Personnellement je ne connaissais rien a ce pays avant de passer la frontiere et je fus surpris de constater que mes a-prioris etaient totalement faux. Pour info on a traverse le Turkmenistan avec Qun et Maike, un couple de Hollandais rencontres a Kharanak en Iran. Si je m`en tenais a mon imagination et malgre ce que j`avais pu lire dans le Lonely Planet, (c`est la qu`on se rend compte que parfois on comprend ce qu`on a envie de comprendre) le Turkmenistan ne pressentait rien de bon. Deja le nom en "Stan" qui, dans mon imaginaire, flaire bon la misere. Pays de l`ex URSS pour ne rien ameliorer, et dictature severe par un denomme Turkmenbachi qui a un culte de la personnalite assez developpe pour coller des statues de sa personne en Or massif aux 4 coins de la capitale, dixit le Lonely. Hum pas fameux.
Dans ma tete ca donnait donc un pays surpeuple, bordelique, sale, pauvre, a l`architecture glauque de la meilleure periode de l`ex URSS, avec dissemine ca et la des statues et des batiments de tres mauvais gout au milieu de la misere.
Mais voila si j`avais eu l`esprit plus ouvert, j`aurai lu objectivement le Lonely Planet, et j`aurai ete moins supris par ce que j`ai vu a Achgabat. Neammoins je suis content de m`etre attendu a quelque chose de different parce que j`aurai ete moins sur le cul. Ce qui me fait dire parfois que le voyage est fait pour des gens pleins d`aprioris. Alors quid de la realite?
Photos, photos et encore photos. Mais il y a une chose que les photos ne rendent (ou bien est-ce moi qui n`y arrive pas), c`est la continuite. Achgabat est un veritable Lego Land. Le centre ville est incroyablement propre, etrangement vide, et rempli de batiment de marbre blanc (merci Bouygue), a l`architecture de mauvais gout et dont on se demande a quoi ils peuvent bien servir. Non vraiment c`est une reussite. Si j`etais un dictateur bien tare avec pleins de Thunes (petrole et gaz ici en l`occurence), je pense que ma Clement City ressemblerait a ca. Du mauvais gout certe, mais une telle continuite de mauvais gout qu`on y trouverait meme un certain charme...
Ils ne sont que 6 millions les Turkmenes, alors meme si le gouvernement s`en met pleins les caisses, il y a des retombes. Leur niveau de vie n`est vraiment pas terrible mais loin de ce que j`imaginais. Ils ont le gaz et l`electricite gratuits. L`essence ne coute rien. En revanche pas d`eau potable et souvent meme pas d`eau courante. C`est un grand desert le Turkmenistan alors ils font avec ce qu`ils ont et puis leur gouvernement a des immenses hotels 5 etoiles en marbre a constuire pour des touristes qui n`existent pas alors...
Pour les emmerdes decues et bien c`est tout simple. On devais passer la frontiere le dimanche 9 aout qui est egalement la fete du melon au Turkmenistan. On nous avait dit a Turkmenabat que la frontiere serait fermee. Je me voyais deja vous raconter notre galere a la frontiere, a planter la tente avec les camioneurs Turcs et Iraniens a cause de cette maudite fete du Melon (une raison de plus pour moi de detester le melon) et palabrer pendant des heures avec les douaniers pour expliquer que si on a depasse nos visas c`est a cause d`un maudit legume et pas une preuve qu`on est des espions. Mais non. La frontiere etait ouverte et jamais je n`ai eu de passage de frontiere plus facile. Aucune accroche a part un douanier Ouzbeque qui me demandais pourquoi j`etais aussi neglige avec mes cheveux en petard et mon bouc de 4 cm. Petite parenthese pour nico: Je me suis trouve une coiffeuse en chemin qui se debrouille pas trop mal ce qui m`evite cette coupe humiliante de Mireille Mathieu qui m`aller si bien parait-il...
Bref presque decus je vous dis. Non les emmerdes se trouvaient du cote Ousbeque a cause d`un taux de change merdique, et de Taxis agressifs. Tellement agressifs qu`ils ont failli se battre avec le camionneur Turc qui voulait nous prendre en stop, nous ont empeches physiquement de monte dans le camion et sont meme alles jusqu`a poursuivre en voiture ce meme camion qui s`etait arrete 200 m plus loin. Non vraiment des connards ces chauffeurs de taxi Ouzbeques. J`en apprecierai presque le melon...

Clement

ps: J`ai remis les photos des manifestations a Teheran et celle de Kayvan du post precedent. Voila.

six ways to sunday

Tout dernier message. J`avais pleins de choses a dire encore mais la j`ai la flemme, alors je vais juste expliquer ce qu`on a fait de cette derniere semaine.Il existe un site internet qui s`appelle couchsurfing et que j`ai mis en lien depuis le debut du blog. Ce site mais en relation des gens qui ont un appartement, une maison ou n`importe quoi qui permette de se loger et qui souhaitent proposer un lit, un canape ou juste un espace par terre pour dormir, a des gens qui sont bien d`accord pour passer une ou plusieurs nuits chez quelqu`un que l`on ne connait pas a la base. En general ce sont toujours des personnes ouvertes et interessantes qui pratique le couchsurfing. C`est gratuit, ca peut depanner mais surtout on fait des rencontres essentielles comme avec Sareh avec qui on a passe notre derniere semaine en Iran. Elle est d`origine Iranienne mais a grandi en Australie. Cela fait 5 ans qu`elle bouge a travers le monde et elle n`est pas prete d`arreter. Apres 3 ans et demi au Japon, 6 mois au mexique et 6 mois en Iran elle s`apprette a partir en Inde et m`avait contacte pour faire un bout de voyage avec elle en Iran. Alors on a partage un bout de vie durant une semaine ce sont ces rencontres comme ca qui te donnent envie de continuer a voyager et qui donnent un sens a tout cela.
On est alle a Alamut ensembles avec son cousin Ruzbeh, puis on a passe les trois derniers jours chez elle a Karaj pres de Teheran avec Ruzbeh, son copain Kayvan qui essaie de venir en France pour etudier et sa tante.

J`ai eu une idee aussi. J`ai decide, plutot que d`envoyer des cartes postales moches ou pas assez, si j`utilisais mes photos? Alors comme je n`ai aucune adresse, je vais faire comme ca: Ceux qui veulent bien recevoir une photo n`ont qu`a m`envoyer leur adresse et j`essaierai de faire mon possible. Si vous avez une preference pour une photo en particulier dites le moi sinon ce sera au hasard. A bon entendeur...

Clement

ps: J`ai mis en lien le blog de Rouba et de Madani et Benoit qui voyagent avec Chim.

Alamut

Karaj

 

Ruzbeh

Kayvan